Monde rempli de vide

Lors de mon passage chaque matin dans le trottoir roulant du RER A, je mate inlassablement l’affiche de Vincent Delerm…

Il m’arrive souvent aussi de regarder d’autres affiches, mais celle-ci me perturbe. Il a quelque chose dans ses prunelles foncées qui me rendent toute chose. En soit, c’est un homme, un vrai, malgré que les traits de son visage soit si doux, il a quelque chose de viril. Je m’imagine alors qu’il sort de cette affiche qu’il me prend dans ses bras et que nous échangeons un long et voluptueux baiser au milieu de la foule qui se presse à cet endroit. Mais je redescend sur terre, puisque malgré mes 2 passages journaliers devant cet ange, mon rêve se termine dès que je franchi la dernière marche de l’escalator…

J’aimerais pourtant le voir en haut de cet escalier mécanique, il me sourirait et nous partirions ensemble vers d’autres lieux que celui-ci qui sent le pipi et la pâté pour chiens. En quelque sorte, en ce moment, j’ai des envies de voyage, d’éloignement. J’ai envie de respirer de l’air pur, de flâner ça et là dans des lieux que je foulerais de mes pas. Des endroits encore vierge de tout visiteur, des endroits rien que pour moi qui m’ouvriraient grands leurs bras…

Je reste là, les mains sur la rampe noire qui colle sous tellement de frottements de doigts étrangers et divers. L’œil lumineux et le regard perdu au loin. Ce matin, « Qui de Nous Deux » de M dans les écouteurs, je me surprend à mimer un semblant de chanson et de fermer les yeux à l’écoute de son solo de guitare qui me rentre jusque dans les tripes. Mais je me souviens qu’en haut de chaque escalator, une caméra s’y trouve et qu’une personne se trouve aussi de l’autre côté de cet œil espion. Je me mets à penser aux choses et aux gens qu’il (ou elle) doit voir tout les jours, des évènements étranges, drôles, sensibles ou loufoques…

Dans d’autres temps, je ne me serais pas permise de laisser ainsi mon esprit vagabonder n’importe où, mais depuis peu mon cœur et mon esprit sont emplis de liesse et de joie que rien ne me rend triste. Ou alors seulement nostalgique et je me surprends de temps en temps de récolter une larme à l’arête douce de ma joue…